Retracer les évolutions de la place faite au végétal en ville et resituer les enjeux contemporains de développement durable dans les projets actuels d’aménagement urbain : c’est la double ambition de la nouvelle exposition du MUS « Les Jardins du Grand Paris depuis le XIXe siècle ».
Conçue par Marie-Pierre Deguillaume et Lucie Dauptain, directrice et médiatrice culturelle au MUS, avec l’appui scientifique de Bernadette Blanchon et Chiara Santini, de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, en réunissant les oeuvres prêtées par des institutions franciliennes mais aussi de régions, elle présente de surcroît des projets d’agence d’urbanisme et de paysage.
La rétrospective historique remonte au XIX e siècle qui voit la nature acquérir une place grandissante comme un élément d’ordre, de beauté et d’hygiène au coeur des villes. Dans sa transformation de Paris, Haussmann confie ainsi à Adolphe Alphand le projet de verdir la capitale en plantant d’arbres ses avenues et en créant des parcs et des bois qui deviennent des lieux de promenade, de détente et de sociabilité.
Au tournant du XXe siècle, la pression démographique et le déclassement de l’enceinte fortifiée de Paris entraînent une reconfiguration urbaine qui voit l’implantation des Cités-jardins (où la nature est présente sous forme d’espaces ouverts, de « closes », de coeurs d’îlots et de jardins privatifs) et le développement des jardins ouvriers.
Durant les Trente glorieuses, marquées par la priorité à la voiture, si la végétalisation tend à diminuer, l’implantation les villes nouvelles et des grands ensembles prévoit parfois d’amples espaces verts simplement aménagés.
Les années 80-2000 voient s’enclencher une reconquête de la nature avec l’extension du réseau des grands parcs parisiens et le développement des lieux de végétation dans des espaces délaissés (anciens abattoirs, sites industriels, infrastructures ferroviaires ou routières).
Ces dernières années les défis du réchauffement climatique et de la réduction de la biodiversité sont au coeur des préoccupations des aménageurs et des paysagistes et guident les nombreux projets de verdissement des espaces urbains en cours de réalisation.
En parallèle, les initiatives au sein de jardins familiaux et partagés s’intensifient tandis que l’on assiste au retour de l’agriculture urbaine et des circuits courts.