Evènement

Les oeuvres voyagent !

Le MUS prête une série d'oeuvres à l'exposition "Trésors de banlieues II" présentée à partir du 15 février à Gennevilliers

De tous temps, la banlieue a inspiré les artistes : Caillebotte, Picasso, Chagall, Doisneau et tant d’autres. Pourquoi l’art est-il si fertile en périphéries ? La réponse est à trouver dans la deuxième édition de l’exposition collaborative Trésors de Banlieues, intitulée Couronnes d’humanité.

La preuve que si les artistes y sont tellement bouillonnants, souvent avant-gardistes en termes de création, c’est que les habitants y sont plus qu’inspirants, vibrionnants et généreux. Toiles, sculptures, lithographies, photos, affiches, maquettes, mobilier, etc. : 250 œuvres racontent la banlieue, ses enfants, ses logements, ses ouvriers, ses luttes, ses joies, ses larmes, sa vision de la République et des grands personnages politiques. Toutes ont été puisées dans les fonds d’art de 71 communes ou établissements publics et prêtées le temps de l’exposition.

Il n’y a pas de petite ou de grande couronne, il n’y a que des joyaux !

La scénographie signée par le collectif « Au fond à gauche » renoue cette année avec les emblématiques containers rouges qui avaient servi de décor à la première édition, en 2019. Le commissariat général de l’exposition demeure l’œuvre de Noël Coret, de la ville de Gennevilliers et l’Académie des banlieues à l’initiative de ce rendez-vous labellisé par le ministère de la Culture.

L’exposition avait accueilli 23 328 visiteurs, tout public et scolaires, il y a cinq ans. Cette année encore, beaucoup s’y presseront depuis les communes partenaires.

Les collections du MUS à l’honneur

Le MUS participe à cette exposition en prêtant une large sélections d’oeuvres évoquant la vie en banlieue dans l’entre-deux-guerres. Le passé industriel de Suresnes sera ainsi présenté autour des productions Radiola tout comme la vie dans la cité-jardins à l’école Vaillant-Jaurès.
Deux rares statuettes de Marianne issues du fonds Granoux évoqueront la République.

Rendez-vous du 15 février au 13 avril 2025 à l’usine des Chantereines de Gennevilliers, l’entrée est gratuite pour tous !
Informations pratiques ici.

Exposition "Trésors de banlieues II" du 15 février au 13 avril 2025

Une démarche collective instruisant 11 thématiques

En concertation avec les actrices et acteurs intervenant dans les secteurs du patrimoine et de la création artistique des villes de banlieues, le processus de sélection des œuvres s’est construit sur l’exigence de haute qualité des œuvres proposées.  Les thématiques se sont ainsi révélées d’elles-mêmes au fur et à mesure des emprunts. Au nombre de onze, elles recouvrent une chronologie partant de l’époque médiévale jusqu’à nos jours. Loin d’être cloisonnées, les thématiques retenues présentent au contraire une perméabilité à même d’autoriser un cheminement scénographique d’une grande souplesse, dépourvu de frontières délimitant des espaces clos. Certaines peuvent malgré tout être traitées de manière plus « autonomes », telles celle consacrée aux fétiches des deux empereurs Napoléon ou aux témoignages des guerres de la fin du XIXe siècle jusqu’aux conflits contemporains comme en témoigne l’œuvre de Michel Dupré, État de Pâle-Estime. Le site de l’Usine Chanteraines nous autorise à associer ces thématiques dans un cheminement scénographique permettant de les identifier tout en les liant les unes aux autres en respectant le principe d’unité de lieu. A l’évidence, les onze thématiques ne sont que le reflet de la vie courante d’êtres humains telle qu’elle s’est déroulée au cours des siècles jusqu’à nos jours…

 De la SOLIDARITE…

C’est par la Fraternité des arts que les thématiques se déclinent ici, intégrant sans aucune hiérarchie entre les genres et les techniques, peintures, sculptures, gravures, photographies, planches originales de bande dessinée, arts urbains et street art, affiches, céramiques, ouvrages d’une rareté exceptionnelle, mais aussi véhicules historiques, vélo solex, Taxi de la Marne, moto de Coluche, voilier de course conçu par ce grand architecte naval que fut aussi le peintre impressionniste Gustave Caillebotte…

À cela s’ajoutent des pièces qui auront profondément marqué la vie quotidienne des familles dans les quartiers populaires des banlieues, du tour industriel de l’ouvrier au poêle à fers de l’ouvrière, du toboggan en bois de l’une des premières crèches à Suresnes au baigneur celluloïd Petitcollin, de la poinçonneuse des Lilas au pèse-bébé Cormier…, sans oublier la poésie et la musique venues dialoguer avec les œuvres et le public dans le grand concert des arts réunis. Notons la présence beaucoup plus affirmée qu’en 2019, des artistes contemporains œuvrant dans nos banlieues. Peintres, bédéistes, photographes, sculptrices et sculpteurs, street-artistes…, tous ont accepté avec enthousiasme de participer à notre manifestation, certains, comme Astrée Lhermitte ou Alexandre Akar, ayant même créé une œuvre sur notre invitation ! On ne se lasse pas de le répéter : la prodigieuse créativité artistique des banlieues, source de toutes les avant-gardes, est immédiatement digérée par le grand manitou parisien qui s’offre le luxe de les promouvoir pour un profit toujours plus juteux…

…et de la FRATERNITE !

Concept cher à Frantz Jourdain (1847-1935), architecte de la Samaritaine et créateur du Salon d’Automne, la Fraternité des Arts fut une véritable révolution remettant en cause la distinction humiliante entre les arts “majeurs“ et “mineurs“. Frantz Jourdain qui se souvenait, alors enfant, traverser régulièrement le Pont des Arts à Paris sur les épaules de son précepteur, un certain Jules Vallès…, est connu pour avoir accueilli Cézanne et permis le déploiement des avant-gardes au Salon d’Automne. Mais plus que le Fauvisme, c’est le classement par ordre alphabétique des artistes mêlant tous les genres dans le catalogue de l’exposition qui fut, en cette année 1905, le grand scandale du Salon d’Automne. Puisque l’honneur nous fut donné de présider ce Salon historique durant dix années, lectrices, lecteurs et visiteurs seront indulgents envers l’attachement que nous portons à ce concept qui conserve à nos yeux un pouvoir novateur à même d’accueillir dans un grand souffle pluriversel le flot ininterrompu de la créativité artistique, ô combien fertile et novatrice, des banlieues.

Au fil des œuvres et des pages, elles et ils découvriront qu’ouvrir notre exposition à tous les chants des banlieues, c’est l’ouvrir à tous les chants du monde !

Noël Coret – Commissaire de l’Exposition Trésors de Banlieues – Couronnes d’Humanité

 

Les 11 thématiques où se déclinent plus de 250 pièces :

1- Une enfance en banlieue

2- Logement et cadre de vie au cœur des inégalités sociales

3- D’Églises en Cathédrales : un mobilier d’exception

4- Napoléon, ex “petit caporal“ et “Napoléon le Petit“ : fétiches de l’Empire en banlieue

5- Mémoires familiales et ouvrières du siècle dernier :  images et objets

6- Figures de la République en banlieue, d’Auguste Rodin à Hervé di Rosa

7- 1870, 14-18, 39-45, 1946-1954, 1954-1962, 2024 : des chiffres et des larmes

8- Le Bestiaire des Banlieues

9- Pour fêter le 150e anniversaire de l’Impressionnisme : avant, pendant, après Gustave Caillebotte

10- Quand les portraits composent la plus belle parure des banlieues : l’humanité dans sa diversité

11- Arts décoratifs et ameublement d’art