Construite entre 1921 et 1956, la cité-jardins de Suresnes fait partie des 15 cités-jardins de l’Office Public d’Habitations à Bon Marché du département de la Seine (OPHBMS). Elle est une des plus abouties en termes de décor et d’équipements.
Au cours de la Première Guerre mondiale, Henri Sellier, Administrateur délégué de l’Office Public des Habitations à Bon Marché du département de la Seine depuis 1915, fait acheter à bas prix des terrains tout autour de la capitale.
Pour construire la cité-jardins de Suresnes, c’est une parcelle de près de 34 hectares située en bordure du champ de courses de Saint-Cloud qui est constituée en rachetant de petites propriétés maraîchères et un haras aux lieux-dits « La Fouilleuse », « Les Mazurières » et « Les longs réages ». Une grande partie du terrain prend place sur la commune de Rueil-Malmaison : il faudra donc déplacer les limites communale et départementale (entre la Seine et la Seine-et-Oise) pour que la cité-jardins soient rattachée à Suresnes !
Alexandre Maistrasse est nommé architecte-urbaniste de ce projet : il imagine une implantation des bâtiments respectant la hiérarchie des voies de circulation et l’ensoleillement entre immeubles de quatre étages et pavillons. Il a déjà réalisé des habitations à bon marché pour la Ville de Paris mais, à Suresnes, il pourra exprimer son talent dans les décors, l’architecture des équipements et leur disposition.
D’autres architectes travailleront sur des bâtiments spécifiques ou prendront la suite de Maistrasse : ils se nomment Julien Quoniam, Félix Dumail, Léon Emile Bazin, Charles Duval, Emmanuel Gonse et Dom Paul Bellot.
La cité-jardins de Suresnes doit accueillir entre 8000 et 10 000 personnes, de tous âges et appartenant à toutes les catégories de travailleurs, de l’ouvrier au contremaître en passant par les professions libérales et les fonctionnaires. Ils doivent bénéficier de conditions d’hygiène et de confort exemplaires : dès les premières immeubles livrés en 1921, on trouve dans les logements l’électricité, le chauffage par un poêle, le tout-à-l’égout, l’eau courante avec un évier et des WC. La douche fera rapidement son apparition, puis la baignoire, dans les appartements au confort amélioré.
Les équipements sont très nombreux et variés à Suresnes, s’intégrant par leur décor au sein des immeubles en briques polychromes et en béton incrustés de cailloux.
La cité-jardins de Suresnes a été réhabilitée à la fin du XXe siècle au niveau des espaces publics, de l’extérieur des bâtiments et des logements. Elle constitue aujourd’hui un Site patrimonial remarquable et a reçu en 2018 le label Patrimoine d’intérêt régional.
Les équipements de la cité-jardins de Suresnes :
- La résidence pour célibataires, construite en 1934, est composé de 95 studios avec salle d’eau, et un rez-de-chaussée commun avec salle de lecture et restaurant favorisant les rencontres.
- Le centre de logements pour jeunes travailleurs est un bâtiment en arc de cercle conçu par Félix Dumail dans les années 1950. Il est remplacé par un nouveau bâtiment inauguré en 2009. Il accueille aujourd’hui des jeunes travailleurs, étudiants ou stagiaires de 18 à 30 ans, pour une durée maximum de 2 ans, grâce à ses 140 chambres individuelles équipées de sanitaires et ses espaces partagés.
- La résidence pour personnes âgées, nommée foyer pour vieillards, est bâtie en 1932, afin de prendre en charge de vieux ménages sous la forme de béguinage dans 50 logements individuels avec salle d’eau et cuisine.
Le rez-de-chaussée est commun avec une infirmerie et un jardin au centre de la cour. Après la réhabilitation de 1960, un second étage est construit à la fin des années 90 augmentant le nombre de logements disponibles à 70. - L’immeuble de logements pour les indésirables et les sans-abris, se situait à une extrémité de la cités-jardins, à l’angle entre les actuelles avenues Jean-Jaurès et Alexandre-Maistrasse. Il était destiné à une prise en charge des familles nombreuses et mal-logés pour une adaptation progressive dans la société. Il se composait de 75 logements.
- Le groupe scolaire Edouard-Vaillant est la première école construite par Alexandre Maistrasse, entre 1922 et 1926, au cours de la 1ère opération de la cité-jardins. Réalisé en briques avec des décors de mosaïques et de nombreuses ferronneries, il comprend une école de filles de 10 classes, une école de garçons de 10 classes et une école maternelle avec 4 salles de classe et une garderie. Ce groupe scolaire est décoré par des frises de Géo Le Campion, professeur de dessin et artiste suresnoise, illustrant dans chaque classe les contes de Perrault et dans le préau les principes éducatifs (gymnastiques, jardinage, hygiène).
Aujourd’hui ce groupe scolaire porte le nom de Vaillant-Jaurès et se compose d’une école maternelle de 140 élèves et une école primaire de 460 élèves. - Le groupe scolaire Aristide-Briand, est le deuxième établissement scolaire construit à partir de 1930. Il est édifié en briques et béton et possède lui aussi des décorations de mosaïques et de ferronneries. Il comprend dans un premier temps une école de filles et une école de garçons de 15 classes chacune. D’abord mixte, il est réservé aux garçons à partir de 1935 en raison du trop grand nombre d’élèves. Les filles sont alors inscrites dans le groupe scolaire Edouard-Vaillant.
Ce groupe scolaire possède une piscine et un gymnase, similaires à ceux de l’école Payret-Dortail sur le plateau nord de la ville. Ils se trouvent au fond de la cour d’honneur et séparent à l’origine l’école des filles de celle des garçons. Cette piscine de 140m3 de volume était à destination des élèves mais aussi à l’ensemble de la population en dehors des heures d’ouverture de l’école. Entièrement décorée de mosaïques dans le style Art Déco, elle est désaffectée depuis le milieu des années 1970 et accueille aujourd’hui des tournages de nombreux films.
En 1968, ce groupe scolaire redevient mixte et est rebaptisé collège Henri-Sellier. Près de 600 élèves de la 6e à la 3e le fréquentent. - L’école maternelle Wilson est le dernier groupe scolaire de la cité-jardins, construit entre 1930 et 1933 au cours de la 3ème opération. Il s’agit d’une école maternelle de 4 classes avec garderie, réfectoire, salle de projection et préau avec toboggan, manège, chevaux à bascule. Aujourd’hui cette école accueille 170 élèves.
- Le lavoir bains-douches, construit en 1922 par Alexandre Maistrasse et Julien Quoniam, se composait de 22 cabines de douches individuelles, de 6 cabines avec baignoires dont 2 pour les enfants et de 24 places de laveuses, essoreuses et séchoirs à vapeur. Une grande verrière recouvrait l’ensemble de l’établissement. Il comptait encore près de 300 entrées par semaine avant la réhabilitation de 1984. Aujourd’hui le bâtiment a été transformé en établissement et services d’aide par le travail : l’E.S.A.T des cités-jardins.
- Le dispensaire et centre d’hygiène infantile et puériculture est édifié en 1931 par Charles Duval et Emmanuel Gonse.
Il s’agit d’un centre de médecine préventive qui se compose de deux sections : les nourrissons et les grands enfants. Des inspections médicales scolaires approfondies, de la pédiatrie générale et spéciale ainsi que des consultations de quartier par l’office départemental d’hygiène sociale avaient lieu dans cet espace.
Aujourd’hui le dispensaire est devenu la Maison de quartier des Sorbiers. - Le centre de loisirs Albert-Thomas est inauguré le 27 mars 1938 en remplacement de la salle des fêtes. Ce bâtiment en briques accueille le TNP de Jean Vilar en 1951 en raison de l’occupation du palais de Chaillot par l’ONU. Il est rebaptisé théâtre Jean-Vilar en 1971 suite à la mort du comédien.
Franck Valeanu rénove ce bâtiment et ses deux salles en 1986, en ajoutant 700 fauteuils en gradin dans la salle Jean-Vilar et en aménageant deux foyers-bars. Le nouveau théâtre est inauguré le 29 novembre 1990. Neuf mois de travaux en 2020 ont permis l’agrandissement de la cage de scène et la modernisation de la machinerie scénique. Il abrite aujourd’hui tous les mois de janvier le festival hip-hop « Suresnes Cités Danse ». - L’église Notre-Dame-de-la-Paix est édifiée sur un terrain de 2100m2 offert à l’archevêché par Henri Sellier et l’office HBM. Sa construction est financée grâce au don d’une famille du Nord. Elle fait partie du programme de 100 nouvelles églises en région parisienne en 1931 appelé « chantiers du cardinal Verdier ».
Malheureusement, cette église n’a jamais été achevée et on l’inaugure comme telle en avril 1934. La consécration a lieu en 1936. Des travaux sont entrepris en 1973 – 1974 mais le clocher est encore manquant aujourd’hui et les cloches sont posées au sol. - L’église de la Réconciliation, temple de l’église luthérienne, est inauguré le 23 mai 1954. Construite en béton armé, calcaire et pierre de taille, elle est d’inspiration romane et nordique. Elle remplace une première église installée dans une ancienne boutique en 1921, puis une chapelle en bois appelée « La baraque » offerte par la maison suisse en 1947.
- Un lieu de culte israélite est installé dans un appartement de l’avenue Gustave-Stressemann.
- Le square Léon-Bourgeois, d’une surface de 10200m2, est aménagé en 1935, au cours de la 3ème opération.
Plusieurs niveaux de terrassement donnent accès à des espaces de jeux, de promenade et des bassins.
Le centre de documentation du MUS donne accès à de nombreux ouvrages anciens et d’actualités ainsi que des travaux d’élèves consacrés à la cité-jardins de Suresnes.
Consultez le fonds bibliographique relatif à la cité-jardins de Suresnes.
Grâce au don de plus de 500 photographies du chantier de construction par les descendants d’Alexandre Maistrasse et grâce à des collectes dans les équipements, les collections du MUS concernant la cité-jardins de Suresnes sont remarquables.
Consultez les collections du MUS relatives à la cité-jardins.