Des forts pour ceinturer Paris
Adolphe Thiers, alors ministre des Affaires étrangères et président du Conseil, fait édifier en 1840 une enceinte de fortifications autour de Paris complétée par seize forts militaires détachés et des ouvrages variés.
Bénéficiant d’un emplacement privilégié, le site du Mont-Valérien accueille une forteresse : c’est la seule à l’Ouest de la capitale.
De forme pentagonale, elle est particulièrement bien protégée avec des fronts allant de 350 à 400 mètres, des pas de cavaliers reliant les bastions, un double mur de soutènement, des douves et un mur défensif épaulé par un glacis.
Le Mont-Valérien doit constituer un véritable verrou pour la capitale en protégeant la presqu’île de Gennevilliers et les hauteurs de Sèvres et de Saint-Cloud.
Un emplacement décisif
La forteresse du Mont-Valérien joue un rôle très important dans la guerre franco-prussienne et le Siège de Paris en 1870-1871.
Son énorme canon, la Valérie, lance des boulets de 140 kg sur les lignes ennemies et protège les sorties des troupes parisiennes hors de la ville assiégée.
Hélas, les Prussiens remportent la bataille de Buzenval en janvier 1871 et Paris tombe quelques jours plus tard.
Le 8e régiment de transmissions
En 1875, l’administration des postes et télégraphes est chargée de la restructuration des unités de télégraphie militaire. Or, il n’existe que très peu de personnel qualifié !
Une école de télégraphie militaire est alors installée au Mont-Valérien en 1884.
La forteresse, qui est en mesure d’accueillir 2000 soldats, est un lieu idéal. Sa position permet la mise place d’instruments de télégraphie optique comme une Tour Chappe sur la ligne Paris-Brest-Cherbourg.
Par la loi du , les unités de télégraphie militaire de métropole sont regroupées au Mont-Valérien au sein d’un seul régiment qui prend l’appellation de 8e régiment du génie.
Leur action durant les conflits armés est héroïque : les soldats avancent sous le feu des batailles pour dérouler ou réparer les lignes.
Le colombier militaire
En parallèle à la télégraphie optique, des pigeons voyageurs sont élevés.
Lors du siège de Paris ils portent plus d’un million de messages depuis la capitale assiégée !
Durant la Première Guerre mondiale, ils prennent des photographies des lignes ennemies.
Deux décennies plus tard, leur action sera également déterminante pour transmettre des micro-fiches entre la France et Londres.
Aujourd’hui, près de 200 spécimens sont encore choyés. Ils participent à des concours et forment la mémoire vivante des lieux.
Haut lieu de la mémoire nationale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande réquisitionne différents lieux, casernes ou forteresses militaires pour mettre en oeuvre sa politique répressive. Le Mont-Valérien est investi par la Wehrmacht dès juin 1940, qui le transforme quelques mois plus tard en un lieu d’exécution.
Plus de 1000 hommes, résistants ou otages, sont alors fusillés.
Selon la volonté du général de Gaulle, le Mémorial de la France combattante y est érigé en 1960.
Et aujourd’hui ?
De nos jours, la vocation militaire du site cohabite avec sa puissance mémorielle.
Le 8e régiment de transmissions fusionne en 2008 avec la DIRISI d’Île-de-France et prend le nom de Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information d’Île-de-France – 8e régiment de transmissions (DL8). Il assure en tous temps le bon fonctionnement des télécommunications et des systèmes d’information du ministère de la Défense.
À l’intérieur du site, au sein du Mémorial de la France combattante, le « Parcours du Souvenir » permet à chacun de suivre le chemin de ceux qui allaient être fusillés : de la chapelle dont les murs gardent encore la trace des graffitis gravés par des condamnés, à la clairière des fusillés.
Carte d’identité de l’œuvre
Titre : Mont-Valérien (vue aérienne)
Numéro d’inventaire : 997.00.1600
Auteur : COMPAGNIE AERIENNE FRANCAISE (photographe)
Millésime : XXe siècle
Technique et matériaux : papier (procédé argentique)
Dimensions : H. 41,2 cm ; l. 57,8 cm (Support en carton : H. 56,4 ; l. 73,8)
Issue du fonds ancien
Lien vers la notice de l’œuvre