Double ration d’air et de lumière !
Au début du XXe siècle, les populations laborieuses sont durement touchées par des maladies inhérentes aux mauvaises conditions de logement.
Parmi elles, la tuberculose et le rachitisme touchent particulièrement les enfants.
Afin d’éviter la propagation des maladies, des solutions préventives sont mises en place par la municipalité d’Henri Sellier. C’est le cas de l’Ecole de plein air de Suresnes qui permet aux enfants affaiblis de continuer leur scolarité.
211 élèves intègrent l’établissement à son ouverture en 1935.
Double ration de nourriture !
Créés par les architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods, les espaces de l’Ecole de plein air ont été conçus pour suivre le rythme de vie des enfants.
Le matin, dès leur arrivée vers 9 heures, les élèves sont examinés par l’assistante sociale chargée de détecter les malades. Ils se rendent ensuite dans le vestiaire où ils se lavent les mains et les dents, quittent leurs vêtements pour endosser leurs costumes d’école, séjournent dans le préau, et rejoignent leur pavillon de classe par les galeries.
Chaque enfant possède sa brosse à dents, son verre, son essuie-mains rangés dans des armoires mobiles individuelles.
À 10 heures a lieu la distribution de lait avant la récréation et les jeux. Suivent l’enseignement et les douches.
Ensuite, empruntant le parcours aérien, les enfants rejoignent le réfectoire où ils prennent tous leurs repas.
Demi-ration de travail !
Le repos tient une place importante dans le programme des jeunes élèves.
L’après-midi, ils font la sieste dans le dortoir, sur les terrasses-solaria au-dessus de chaque classe ou dans le jardin à l’abri des arbres.
Pour ce faire, le mobilier est spécialement conçu pour être manipulable facilement par les enfants et exposable en extérieur. Il est réalisé en almasilium, un mélange d’aluminium et de calcium.
Le design est signé Eugène Beaudouin et Marcel Lods, les architectes de l’Ecole, fortement inspirés par Jean Prouvé.
Une inspiration européenne
Le mouvement des écoles de plein air est international. Les premiers essais ont lieu en Allemagne, en 1904, dans la banlieue de Berlin, puis en Suisse, aux Pays-Bas, en France, en Espagne, en Italie et jusqu’aux États-Unis.
La première école française est établie en 1906 près de Lyon dans une grande propriété au bord de la Saône.
Dans le Suresnes des années 1920, une école de plein air temporaire s’installe chaque année sur le site qui verra naître la cité-jardins. Le site permanent est édifié à partir de 1933 sur un terrain de 10 hectares, relativement accidenté.
Une réalisation unique
Les architectes savent tirer parti de la parcelle qui leur est attribuée.
Ils édifient un bâtiment principal qui fera un écran aux vents d’Ouest. Surmonté d’une terrasse, il comporte deux étages et regroupe les classes de maternelle, les services communs, tels que la salle d’examen médical, les vestiaires et les douches, ainsi que les réfectoires, dortoirs, classes de travaux manuels et d’enseignement ménager et le préau.
Les classes sont organisées en huit pavillons indépendants et font partie intégrante de l’espace paysager. Chacune possède son jardin dit « classe de verdure ».
Elles sont reliées par des passerelles qui constituent des cheminements couverts.
Le pavillon médical est construit sur le modèle des classes avec un sous-sol.
Un pavillon octogonal aux fenêtres à guillotine est destiné aux enfants présentant les plus grandes difficultés scolaires.
L’entrée de l’école est signalée par une immense mappemonde utilisée pour les leçons de géographie.
Et aujourd’hui ?
Après la Seconde Guerre mondiale, l’école s’ouvre à toutes les formes de handicap. Les derniers élèves quittent l’établissement en 1995.
Le Centre National d’Études et de Formation pour l’Enfance Inadaptée qui cohabitait avec l’école depuis 1954 subsiste.
Il porte aujourd’hui le nom d’INSEI – l’Institut National Supérieur de formation et de recherche pour l’Education Inclusive.
Le site, appartenant désormais à l’Etat, est retenu pour abriter le Musée-mémorial du terrorisme à partir de 2027.
L’école a subi une réhabilitation partielle dirigée par Martine Lods, fille de l’architecte et Alain Rivière dans les années 1960.
Classée Monument historique en 2002, sa mappemonde est restaurée et remise en couleur par la Ville de Suresnes en 2018.
Carte d’identité de l’œuvre
Désignation : Lit de repos de l’Ecole de plein air
Numéro d’inventaire : 998.6.16
Auteur : BEAUDOUIN Eugène ; LODS Marcels (concepteurs) ; LA GALLIA (fabricant)
Millésime : Vers 1935
Technique et matériaux : almasilium ; toile de coton
Dimensions : H. 39,5 cm ; l. 59,5 ; L. 150 cm
Acquisition récente, don