Passer le bac
Tandis que les villes voisines comme Neuilly ou Saint-Cloud sont dotées de ponts dès le XVIIe siècle, deux passeurs sont chargés de faire traverser hommes, bêtes et marchandises à Suresnes.
Les passeurs ont une lourde responsabilité et doivent fournir de sérieuses garanties ! Ils reçoivent un apprentissage et sont licenciés en cas de manquement à la sécurité des passagers et de leurs biens.
Ils jouissent de privilèges comme une maison dans l’Ile de Suresnes, la possibilité de cultiver des champs et un droit de pêche illimité.
La courte vie du premier pont
Tandis que le nom des ingénieurs l’ayant conçu est incertain, de rares photographies et des témoignages attestent l’aspect du premier pont de Suresnes : il s’agit d’un pont suspendu à trois travées.
Inauguré en 1842, il est détruit par les suresnois craignant l’invasion des troupes prussiennes en 1870.
Le pont de bateaux
Afin de permettre au trafic piéton de reprendre rapidement, un pont de bateaux est édifié provisoirement.
Le nouvel empereur Guillaume le franchit en 1871 pour rejoindre Paris depuis Versailles.
Quelques temps après la fin de la guerre franco-prussienne, c’est au tour des parisiens de l’emprunter pour retrouver les guinguettes de Suresnes!
Enfin un pont monumental !
En 1874, la construction d’un nouvel édifice par l’ingénieur Legrand est lancée. S’avérant rapidement trop étroit, notamment les jours de courses à Longchamp, ce pont est agrandi à la fin du siècle. L’inauguration a lieu en 1901.
Un important programme décoratif conçu par Emmanuel Frémiet est alors mis en place avec notamment des griffons décorant des pieds de candélabres.
Un pont vers l’avenir
Dès le mandat d’Henri Sellier, le développement de l’automobile encourage les autorités à imaginer en 1938 un nouveau projet de pont en arc. Malgré l’interruption des travaux pendant la guerre, ce nouvel axe adapté à la circulation automobile grandissante est inauguré le 22 février 1951. Pendant les travaux, l’ancien pont de 1901 et le pont que nous connaissons aujourd’hui cohabitent.
L’histoire de la traversée du fleuve à Suresnes aura donc connu de nombreux rebondissements…
Et aujourd’hui ?
Avec la création d’un nouvel ouvrage en 1950, c’est tout l’urbanisme du bas de la ville qui est modifié. En effet, le nouveau pont est situé en amont et s’ouvre largement sur le boulevard Henri-Sellier.
Le nom des rues nous rappelle cependant l’activité passée autour de la Seine : rue du Port aux vins, rue du Bac, allée de l’ancien pont.
Le pont actuel a été conçu suite à un concours par les architectes Gaston Tréant et son épouse Juliette Mathé et Théodose Sardnal.
C’est la sixième version du projet qui est réalisée : les architectes avaient proposé des édifices en pierre et métal ou béton armé et métal qui n’ont pas été retenus.
De 160 mètres de long pour 30 de large, il comprend deux piles et des culées de béton armé, avec un tablier de poutres métalliques entretoisées et enrobées de béton. Aujourd’hui, piétons, cyclistes, automobiles et transports en commun s’y côtoient.
Carte d’identité de l’œuvre
Titre : Le nouveau et l’ancien pont de Suresnes
Numéro d’inventaire : 997.00.1300
Auteur : COMPAGNIE AERIENNE FRANCAISE (photographe)
Millésime : Vers 1950
Technique et matériaux : papier (noir et blanc)
Dimensions : H. 23,4 cm ; l. 29,9 cm
Issue du fonds ancien
Lien vers la notice de l’œuvre