Le premier îlot de la cité-jardins

1919 : un nouveau quartier pour Suresnes

Dès la seconde moitié du XIXe siècle, une importante crise du logement frappe Paris et sa banlieue.

Les ouvriers venus au plus près de leur lieu de travail sont les plus touchés : ils s’entassent dans des habitats insalubres notamment au niveau la Zone autour des fortifications de la capitale.

Afin d’offrir à chacun de bonnes conditions de logement mais également toutes les commodités de la vie urbaine, l’Office public d’habitations à bon marché du département de la Seine fait réaliser 15 cités-jardins, adaptant le concept anglais créé par Ebenezer Howard. Henri Sellier qui en est l’administrateur délégué est également élu Maire de Suresnes en 1919.

À Suresnes, un terrain de 34 hectares est alors constitué dès 1915. Pour ce faire, une large parcelle est achetée à la ville de Rueil-Malmaison en bordure de l’hippodrome de Saint-Cloud.

Vue du Mont-Valérien depuis la future cité-jardins, inv. 997.00.607

Un urbanisme maîtrisé

À la fin de la Première Guerre mondiale, une quinzaine de cités-jardins voient le jour en même temps, autour de Paris.

C’est l’architecte Alexandre Maistrasse qui est chargé de la réalisation des plans de celle de Suresnes. Il ne livrera pas moins de sept versions différentes de ses plans !
En effet, les grands axes urbains sont modifiés mais surtout, les pavillons sont en partie remplacés par des immeubles.

La cité-jardins de Suresnes est une de celles qui présentent le plus grand nombre d’équipements pour tous les âges : des groupes scolaires, des établissements d’hygiène et de santé, des équipements de culte et de loisirs et bien sûr de nombreux espaces verts.

 

Première version du plan de la cité-jardins, inv. 997.00.1168

Le premier îlot sort de terre

Ce premier îlot offre un aperçu de tous les types de construction qu’on pourra rencontrer dans le quartier.

Ainsi, on voit sur ce plan des immeubles le long de l’avenue Edouard-Vaillant et de l’avenue Jean-Jaurès, des pavillons au niveau de l’allée des Gros buissons et un équipement d’hygiène avec le lavoir bains-douches entouré à l’origine d’un parc.

Un grand groupe scolaire sera également édifié au cours de cette première phase de construction.

Vue cavalière du premier îlot de la cité-jardins
Vue cavalière du premier îlot de la cité-jardins, inv. 997.00.619

Petit à petit, la cité-jardins se construit

La construction s’étend sur 35 ans.

L’architecte Alexandre Maistrasse imagine une implantation des bâtiments respectant la hiérarchie des voies de circulation et l’ensoleillement. Il a déjà réalisé des habitations à bon marché pour la Ville de Paris et, à Suresnes, il pourra exprimer son talent dans les décors, l’architecture des équipements et leur disposition.

D’autres architectes travaillent sur des bâtiments spécifiques ou prendront la suite de Maistrasse : ils se nomment Julien Quoniam, Félix Dumail, Léon Emile Bazin, Charles Duval, Emmanuel Gonse et Dom Paul Bellot.

Environ 3200 logements sont ainsi construits sous forme de pavillons, d’appartements mais aussi de logements collectifs comme la résidence pour célibataires et jeunes ménages et la résidence pour personnes âgées.

Photographie aérienne de la cité-jardins, inv. 997.00.1531
Vue aérienne de la cité-jardins, inv. 997.00.1366

Quel chantier !

De nombreux ouvriers spécialisés travaillent à l’édification du quartier. Il faut excaver les caves, couler la structure en béton des immeubles, garnir les façades de briques de comblement et effectuer le parement.

Le confort et le décor intérieurs ne sont pas oubliés avec des parquets et des cheminées dans les appartements, des mosaïques dans les halls.

Chaque appartement possède l’électricité, un poêle à charbon, l’eau courante, le tout à l’égout et les toilettes à l’intérieur. Le grand luxe au début des années 1920 !

Immeuble des indésirables en construction, inv. 998.1.9

Et aujourd’hui ? 

La cité-jardins se trouve aujourd’hui centenaire.

Elle a fait l’objet d’une réhabilitation dans les années 1980 et 1990. A cette occasion, les façades ont été nettoyées, une place a été accordée au stationnement automobile et le confort des logements amélioré. Ainsi, des doubles vitrages ont été installés et les pièces d’eau refaites.

Le quartier qui doit faire face aux nouveaux enjeux climatiques et d’accessibilité va bénéficier d’une nouvelle réhabilitation complète dans les années à venir.

La mixité sociale voulue par Henri est conservée grâce au mélange entre logement social et propriété privée et aux nombreux équipements qui ont su s’adapter au passage du temps.

Cite-jardins, juin 2016 (c) JM Lailheugue
Cité-jardins (c)Sophie Brandstrom
Détails architecturaux de la première opération de la cité-jardins de Suresnes : corniche
Détails architecturaux de la première opération de la cité-jardins de Suresnes : façade sur la place Mazarick
Détails architecturaux de la première opération de la cité-jardins de Suresnes : escaliers
Immeuble autour du square Léon-Bourgeois
Immeuble de la cité-jardins de Suresnes
Petits immeubles de la cité-jardins
Pavillons rue de Locarno
Pavillons avenue des Tilleuls
Cage d'escalier dans le premier îlot de la cité-jardins
Cage d'escalier dans le premier îlot de la cité-jardins
Immeubles collectifs de la cité-jardins de Suresnes, place Mazarick, inv. 998.1.428
Le square Léon-Bourgeois de la cité-jardins de Suresnes, inv. 998.1.464
Immeubles avenue Jean-Jaurès dans la cité-jardins, inv. 998.1.483
Immeubles du premier îlot de la cité-jardins, inv. 998.1.483
Immeubles du premier îlot de la cité-jardins, inv. 998.1.483
Pavillons du premier îlot de la cité-jardins, allée des Gros buissons, inv. 998.1.483
Pavillons du premier îlot de la cité-jardins, alléedes Gros buissons, inv. 998.1.483

Carte d’identité de l’œuvre

Titre :  Cité-Jardin de Suresnes – Groupe d’habitations pour familles nombreuses
Numéro d’inventaire :  997.00.619
Auteur : MAISTRASSE Alexandre (dessinateur, architecte) : Office Publics d’Habitations du Département de la Seine (éditeur)
Millésime :  1919
Période (siècle ou millénaire) : Premier quart XXe siècle
Technique et matériaux : papier (impression)
Dimensions : H. 27 cm ; l. 39,5 cm
Issue du fonds ancien du musée
Lien vers la notice de l’œuvre